mercredi 29 juin 2011

Nancy Drew and the hidden staircase


Alice de Caroline Quine est une des choses qui me rappellent le plus mon enfance : j’ai dévoré nombre de ses aventures petite, et ai relu plusieurs fois les tomes que je possédais, jusqu’à les connaitre par cœur. Encore aujourd’hui, il m’arrive d’en relire pour le plaisir de la retrouver.

Aussi, quand j’ai découvert pour la première fois cette incroyable librairie qu’est Shakespeare and co, à deux pas de Notre Dame (si vous avez l'occasion et aimez la VO, courez-y, cette librairie est un miracle !), j’ai été ravie d’y trouver, en VO et d’occasion, Nancy Drew and the hidden staircase (Alice et le manoir hanté en français).

(je suis fan des illustrations de Marguerite Sauvage sur les dernières éditions de la série !)

Première chose que de nombreuses personnes ne savent probablement pas, et que j’ai découvert assez récemment, c’est que l’héroïne porte un nom différent dans la version originale ! C’est apparemment le cas de nombreux livres pour enfants de cette époque, comme le club des 5. Mais je dois dire que ça a été étrange tant je m’étais attachée à Alice… oui c’est très sentimental je sais ! =)
Le texte a également été modifié, puisque je me suis souvenue l’avoir lu petite et qu’il y avait les deux amies d’Alice, Beth et Marion, qui n’apparaissent pas ici (j’ai même vérifié à Virgin l’autre jour, pour vous dire à quel point je suis fan de cette série jusque dans les détails !). Tout cela donne une drôle d’impression d’avoir été en quelque sorte « trompée » par les éditeurs et traducteurs français qui changent carrément l’histoire du livre… toute mon enfance prend une autre dimension ! n’exagérons pas. Heureusement, ce genre de pratiques se fait moins de nos jours.


Mais venons-en à l’histoire elle-même ! Ce livre est le deuxième d’une série qui en comporte une bonne centaine (pas tous traduits en français) et date de 1930 ! Il a donc une intrigue très « classique », avec des messages de menaces mystérieux, un manoir hanté, des passages secrets, des choses qui disparaissent et des vieilles dames qui font du thé et brodent des napperons. Et ça marche très bien ! J’ai lu le livre avec un grand plaisir, bien que je me souvenais un peu de la fin (même si j’ai du le lire vers l’âge de dix ans, comme quoi il y a des livres qui marquent…).
“How extraordinary!” Hannah Gruen exclaimed. I’ve often read about such things, but I never thought I’d meet anyone who lived in a haunted house.”


Le ton est devenu un peu vieillot, et Alice/Nancy est montrée comme la jeune fille idéale, clairement pour faire figure de modèle à ses lectrices. Mais la lecture en anglais rend le tout délicieusement désuet et vintage. 

‘Of all the nerve!’  Helen burst out. 

“What happened?” Nancy asked as she started the car. “Did you inherit a million?”
“Something better than that” Helen replied. “Nancy, I want to tell you a big, big secret. I’m going to be married!”
Nancy slowed the car and pulled to the side of the street. Leaning over to hug her friend, she said “Why, Helen, how wonderful! Who is he? And tell me all about him.”

C’est toujours un plaisir de lire les aventures d’Alice/Nancy et encore plus de pouvoir voir à quoi ressemble la version originale, qui n’a pas été modifiée par les traducteurs ! Et ce livre rentre bien entendu dans le challenge de George !

Pour finir, une petite chanson rétro qui va bien avec l'ambiance de ce livre : If I knew you were coming I'd've baked a cake !

mardi 21 juin 2011

Le loup dans la bergerie, de Gunnar Staalesen


Varg Veum est un héros de roman policier. Ce qui veut dire qu’il a la quarantaine, est divorcé, taciturne, boit à ses heures perdues, a des relations compliquées avec les autres (son ex-femme, son fils, les femmes qu’il tente de séduire…) et mène des enquêtes sur des meurtres mystérieux en oubliant régulièrement de respecter la loi et la police. Il aurait pu être marié et heureux, sociable et même pire, végétarien et adepte d’une vie saine sans alcool ni tabac, où il va à son bureau en vélo et fait du jogging avec son labrador ! Ca nous aurait changés, mais il faut croire que ce sera pour une prochaine fois.

Varg, donc, est un détective privé plus au moins au chômage technique, qui reçoit deux demandes de filature concernant une seule et même femme en une semaine. Cela l’intrigue, et il la suit dans tous ses déplacements la semaine qui suit. Il ne découvre rien d’exceptionnel, jusqu’à ce que la femme soit retrouvée un matin assassinée dans sa voiture. Varg, qui l’avait surveillée la veille est soupçonné par l’un des policiers (qui ne le porte pas dans son cœur) et se retrouve obligé d’enquêter pour prouver son innocence. La vie en apparence bien sous tous rapports de cette femme présente assez vite des zones d’ombre qui vont transformer l’affaire en un vrai sac de nœuds.

Si je n’ai pas détesté ce livre, je dois dire que je me suis malheureusement pas mal ennuyée. L’intrigue est très classique et n’a réussi à aucun moment à être véritablement palpitante. Le héros n’est ni spécialement sympathique ni antipathique, il m’a laissée complètement indifférente. Il a malgré tout une certaine ironie qui aurait pu me plaire si elle avait été plus présente.
J’ai acheté ce livre en grande partie pour le fait qu’il soit nordique, et se passe dans la ville de Bergen, que je ne connais pas, mais qui est très belle et semble avoir une atmosphère particulière, où la pluie semble donner un certain charme (un peu comme en Irlande). J’en ai été pour mes frais, car à part une énumération de rues, la visite de Bergen a été très limitée et j’ai eu le sentiment que le livre aurait pu se passer dans n’importe quelle ville, voire même dans n’importe quel pays. 

 (et maintenant j'ai une atroce envie d'aller à Bergen, c'est malin !)

Peut-être est-ce dû à l’époque ? J’ai été surprise de voir que le livre se passait dans les années 70, moi qui le croyais récent. Il a un peu mal vieilli et peut-être est-ce cet aspect qui m’a le plus frappée. C’est triste, mais quand j’entends parler de filatures et de coups de téléphone passés dans des cabines, je me rends compte que ce monde est bien différent de celui qu’on connait aujourd’hui. Ce n’est pas un problème en soi qu’il date des années 70, car j’ai lu et bien plus apprécié un roman de Sjöwall et Wahlöö (considérés comme les parents du polar suédois comme on le connait aujourd’hui), L’homme qui partit en fumée, qui se passait à la même époque.

Ce roman est donc plutôt banal parmi l’offre de romans policiers, et ce n’est pas le style de l’auteur qui le sauve, rempli de descriptions des physiques des personnages et des ameublements des lieux, qui n’ont guère d’intérêt pour moi. Du coup, je ne sais pas si je lirai la suite. Prune en a dit le plus grand bien, je verrai si je me laisse convaincre…

dimanche 19 juin 2011

Fantômette et le géant


Pour commencer le challenge Bibliothèque rose et verte dontje vous ai parlé, c’est Fantomette qui s’y est collé !
Ce livre fait partie des tous premiers écrits par Georges Chaulet, puisque c’est le troisième, qui date de 1963.
On y retrouve les trois héroïnes : Françoise/Fantômette, malicieuse et intelligente, Boulotte qui comme son nom l’indique passe son temps à manger, et bien sur, la célèbre Ficelle dont l’ignorance n’a d’égal que sa capacité de s’intéresser à tout ce qui ne concerne pas l’école.
L’histoire du livre tient en quelques lignes : une camarade de classe qui vient d’arriver s’est installée dans une vieille ferme mystérieuse qui semble attirer les convoitises. Mais ce n’est pas ça le plus important dans Fantômette : la raison pour laquelle j’aimais tant cette série et pour laquelle je prends toujours du plaisir à les relire est l’humour de son auteur, Georges Chaulet.
C’est amusant de remarquer aujourd’hui à quel point le second degré règne dans Fantômette : Chaulet n’hésite pas à se moquer de ses personnages, surtout de la pauvre Ficelle, mais gentiment et pour notre plus grand bonheur. Et mine de rien, le temps de quelques pages qui se laissent lire très vite, on apprend toujours des choses. Ficelle se passionne toujours pour une chose en particulier dans chaque livre, et c’est très amusant de suivre ses péripéties en parallèle de l’enquête de Fantômette.
La chose qui m'a longtemps fascinée avec ce livre, c'est la façon dont il joue des codes sociaux. On est dans les années 60, et nos trois héroines, qui sont des petites filles qui sont à l'école primaire, vivent seules ! Dans aucun livre ne sera faite la moindre référence aux parents... et cela leur donne une liberté assez étonnante pour l'époque, non seulement car elles sont des enfants, mais aussi car elles sont des filles ! Et elles n'ont besoin de personne pour s'en sortir seules comme des grandes.
Bien sur, comme ce livre date de 1963, il est un peu désuet… mais c’est une madeleine de Proust ! Et si moi j’aimais Fantômette dans les années 90, pourquoi les enfants d’aujourd’hui n’aimeraient pas ?
J’ai fait cette lecture commune avec Syl, et je lirai Fantômette et l’île de la sorcière avec Aymeline pour le 3 juillet, si vous souhaitez nous rejoindre !

"- Maitre corbeau, sur un arbre... perché tenait...
 Sapristi, que tenait-il donc, ce corbeau ? Il tenait... ah oui ! un fromage en forme de camembert. On se demande bien pourquoi, d'ailleurs ? A-t-on jamais vu un corbeau manger du camembert ? La Fontaine avait des idées bizarres !"

jeudi 16 juin 2011

Alix, tome 1 : Alix l'intrépide


Alix , jeune garçon vivant au temps de l’empire romain et au passé mystérieux est découvert par le commandant romain Marsalla. Vont s’ensuivre de nombreuses péripéties qui vont nous faire voyager à travers tout le bassin méditerranéen (je n'en dis pas plus car honnêtement, j'ai oublié pas mal d'éléments...).


Cette BD est un classique pour enfants, et pourtant je n’en avais jamais lu un seul tome jusque récemment. J’espérais pouvoir passer un bon moment tout en étant baignée dans la Rome antique, une période qui m’intéresse mais que je connais hélas très mal.

Malheureusement, l’aspect divertissement a été un peu atténué par le côté atrocement bavard de la bande dessinée. A chaque case, une longue description nous donne des tas d’informations, et pas toujours utiles au déroulement du récit : parfois, les textes servaient seulement à décrire ce que nous voyons de nos propres yeux dans le dessin. Tout ce texte a rendu ma lecture extrêmement lente, étant donné que je me lassais assez vite.
De plus, Alix, le personnage principal, n’est pas très attachant : on nous dit plusieurs fois à quel point il est fort, courageux et brave, mais il reste comme une coquille vide servant seulement à dire aux enfants qui liront la BD qu’il est important d’être gentil et courageux dans la vie. Il y a par exemple des zones d’ombre autour des origines d’Alix, mais on dirait qu’il ne ressent pas grand-chose à ce sujet étant donné qu’il ne l’exprime pas…

Mis à part ça, la lecture a quand même réussi à décoller au bout d’un moment et la fin était alléchante. Il est donc possible que je lise la suite, mais on sent tout de même le côté très traditionnel de cette BD avant tout destinée à être pédagogique. Je n’ai peut-être plus l’âge pour ça !


mercredi 15 juin 2011

Challenge Bibliothèque rose et verte chez George


On ne compte plus les challenges auxquels je m'inscris... alors que je n'arrive même pas forcément à les mener à bout ! (du point de vue des chroniques en tout cas). Mais celui-ci, comment pouvais-je y échapper ? Non je ne dis pas ça à chaque fois voyons !

Trois bonnes raisons pour s'inscrire : 
1) Les bibliothèques rose et verte me rappellent beaucoup mon enfance ! J'ai eu mes périodes : Oui Oui et Polly le poney quand j'étais toute petite, puis Le Club des Cinq, et surtout Fantômette et Alice que je vénérais. Il m'arrive encore régulièrement d'en relire, souvent en été. Alors là, le challenge de George tombe donc à pic ! Et puis ça peut être sympa de comparer nos impressions et avis, car quand on me demande : "tu lis quoi en ce moment, c'est bien ?", je ne cite généralement pas ce genre de lectures...
2) Non seulement je relis mes vieux exemplaires, mais en plus il m'arrive d'en acheter dans les brocantes et les ventes de livres d'occasion. Ce challenge fera donc baisser ma PAL !
3) Le logo à lui seul vaut le coup ! Ah ce petit Dagobert...


Je me suis inscrite en catégorie Dagobert (c'était mon préféré dans la bande, vous l'aurez compris !), ce qui veut dire que je vais lire sept livres. George est très ouverte et nous laisse lire les séries que l'on souhaite dans la bibliothèque rose ou verte, donc pour moi ce sera le club des cinq, Fantomette et Alice. Ce sera aussi l'occasion d'en lire certains en VO pour comparer car la traduction des livres jeunesse est souvent un sujet délicat, où l'on semble moins hésiter à couper, censurer... Et j'en profiterai peut-être pour lire les biographies d'Enid Blyton ou de Caroline Quine !

N'hésitez pas à me proposer des lectures communes si ça vous tente, ou faire un tour du côté de chez Syl qui va relire ses Fantomette. Je n'ai pas de liste de mes exemplaires pour l'instant, beaucoup sont chez mes parents mais je suis ouverte aux propositions.
Le challenge commence aujourd'hui et se finit le 31 aout, ce qui laisse largement le temps d'en lire au moins un.
Et bien sur si vous le souhaitez, allez chez George pour avoir plus d'informations et vous inscrire !

lundi 13 juin 2011

Comme je suis parti... je reviens*

 Ma connexion est devenue très capricieuse ces temps-ci, et m'empêche de mener à bien les projets que j'avais pour ce blog. 
Je vais essayer de régler le problème et je reviens très vite avec des billets de lecture, des nouveaux challenges (encore ?? et oui...) et un résumé du festival des étonnants voyageurs ! En attendant, portez-vous bien.

*Celui qui trouve la référence gagne un bonbon !

mercredi 1 juin 2011

Install, Risa Wataya



On y rencontre Asako, qui semble trainer son ennui partout et ne voit pas l’intérêt de suivre la course effrénée que subissent tous les petits japonais : dès leur naissance, ou presque, ils subissent une pression très forte pour faire leurs études dans les meilleures écoles possibles, sésame pour rentrer non pas dans les universités les plus prestigieuses, mais tout simplement dans une fac potable.
Mais tout cela dépasse Asako, et elle se met à sécher les cours, puis se débarrasse de toute sa chambre (mobilier et ordinateur portable) dans la cave de sa résidence. Oui, mais au Japon, pays où il est important de ne pas se mettre dans l’embarras ou de faire subir cela à quelqu’un d’autre, ce simple geste (bon je reconnais que ce n’est pas tous les jours qu’on bazarde toute sa chambre à la poubelle, mais  cela reste un choix individuel) prend une proportion importante, vu que le concierge ne voudra surtout pas de tous ces meubles dans le local à ordures. Ca, c’est un des voisins d’Asako, Kazuyoshi, dix ans, qui le lui dit. Il demande à récupérer son ordinateur pour gérer un compte sur un site de chat érotique.
Dans ces circonstances qui semblent irréelles, Asako apprend à le connaitre et l’aide même à gérer ce compte .Tous les jours, lorsqu’il part à l’école, elle s’introduit chez ses parents et, coincée dans le placard de la famille, elle parle à des hommes à travers un écran…

« Paroles d’une fille bizarre (oui je l’admets) et mal réveillée :
-          Et pourquoi faudrait-il que je continue à mener la même vie que tout le monde ? »

Ce livre de Risa Wataya est, dès sa première phrase, déroutant. Savoir qu’elle l’a écrit pendant les grandes vacances quand elle avait 17 ans l’est encore plus.
Elle a un don pour nous parler des « outcast », ces parias d’une société qui supporte si mal qu’on s’écarte du « droit chemin ». Au Japon, on travaille dur dès la naissance pour obtenir le droit de se fondre dans la masse et ne surtout pas se faire remarquer. On ne se pose même la question de pourquoi on devrait le faire, d’où l’état d’hébétude d’Asako, pour qui le mot qui correspondrait le mieux est « paumée ». Elle semble flotter dans un néant qui n’a ni début ni fin.
Dans beaucoup d’autres pays, on lui poserait la question « pourquoi ? ». Mais au Japon, on évite d’être aussi direct. Sa mère fait semblant de ne rien remarquer, un de ses amis proteste mollement face à son absentéisme, mais sans en faire trop (vous comprenez, il n’a pas le temps, il faut bien qu’il révise), et seul son petit voisin sait à quoi elle occupe ses journées. Les livres de Risa Wataya nous montrent en effet souvent des adolescents livrés à eux-mêmes, qui doivent se débrouiller seuls pour trouver leur chemin, car les adultes ne sont jamais là pour les aider ou répondre à leurs interrogations.
D’où ces comportements qui nous semblent complètement surréalistes : une adolescente qui sèche les cours pour aller sur des chats érotiques dans le placard de ses voisins qu’elle ne connait pas – et sans se faire prendre ? Il n’y a qu’au Japon qu’on peut trouver ça, et c’est sûrement cet aspect d’un pays souvent admiré, parfois critiqué mais le plus souvent mal connu, qui me fascine…
J’ai eu l’impression qu’en quelques cent pages, en décrivant les choses les plus triviales qui puissent paraitre, Risa Wataya a réussi à sonder et assez bien cerner la société japonaise d’aujourd’hui (pour ce que je peux en dire, étant donné que c’est un pays que je n’ai jamais vu de mes propres yeux), en s’intéressant à ceux qui sont sur les bas-côtés et ont refusé de se conformer à ce qu’on attend d’eux. En cela, ce court roman, qui se lit très vite, m’a rappelé les deux Murakami : Ruy, qui met souvent en scène des adolescents « déviants », et Haruki, dont les personnages sont assez souvent comme Asako, un peu paumés, et qui ne savent pas vraiment s’ils doivent suivre le mouvement, ou se poser et se demander ce qu’eux, veulent.
Une très belle découverte, j’espère pouvoir bientôt lire d’autres titres de cette auteure prometteuse ! J’ai déjà lu Appel du pied, son second roman, mais j’espère que d’autres suivront.