Nighthawks / Noctambules, 1942
Ce n'était pas au programme du week end... Mais je me suis réveillée hier quand je me suis rendu compte que l'expo Hopper au Grand Palais se terminait le 3 février 2013.
Cette expo, j'y pensais déjà un an avant qu'elle ne commence... Je ne pouvais pas la manquer. Pourtant, la foule m'a un peu découragée, et sans l'ouverture toute la nuit ce week end, je pense que j'aurais fini par renoncer.
A cause de cette découverte de dernière minute, j'ai mis mon réveil tôt ce matin, et c'est armée de mes écharpes, de deux bouquins et d'un paquet de petits écoliers que je suis partie à l'assaut du Grand Palais.
Arrivée à 7h40, je ne vois personne. Non, c'est juste que je me suis trompée de côté. Arrivée dans la file, je commence l'attente... Au bout de 20mn, un panneau m'annonce 4 heures d'attente ! KEUWA ?
Doucement, le jour se lève sur le Grand Palais. Cela tombe bien, je peux sortir mon livre maintenant pour patienter. Autour de moi, on lit des choses sérieuses. A côté, j'ose à peine sortir mon Alice Roy détective, mais vu le peu de sommeil que j'ai eu, ça passera mieux que le docteur Jivago.
On avance lentement, surtout à cause des coupe-files qui passent devant nous !
Mes voisins de file rient, hèlent les gens qui sortent pour leur demander si ça vaut le coup d'attendre (maintenant qu'on est là depuis deux heures !) et font coucou à ceux qui prennent la foule en photo. Une ambiance qui réchauffe, parce que mes pieds commencent à geler ! J'avais lu que Starbucks offrait du café, ils devaient malheureusement être en rupture de stock...
Enfin, un peu après 10h je peux rentrer dans le Grand Palais. Je crois que j'ai rarement autant apprécié d'entrer dans un musée...
Solitary figure in a theatre / Silhouette solitaire dans un théâtre, 1904
On commence par ses influences, ses débuts. Dès son premier tableau, on a un aperçu des thèmes récurrents de son oeuvre. J'ai découvert ses séjours parisiens, l'influence des impressionnistes, de la photographie... Car il est vrai qu'Hopper est un peintre photographe. Le cadrage est capital, et sa peinture a cette même fonction de reportage, témoignage sur son époque.
On découvre également ses aquarelles en Nouvelle-Angleterre, et ses magnifiques gravures qui furent décisives dans son style.
"A Gloucester, tout le monde peignait les bateaux et la mer. Moi, je regardais les maisons en bois."
Cape Cod morning, 1950
J'aimais Hopper, en ayant du mal à vraiment saisir pourquoi. Après avoir vu ses œuvres, j'ai l'impression de comprendre un peu mieux.
La lumière incroyable qui se dégage de ses tableaux est ce qui frappe le plus. Les jeux d'ombre sont fascinants et on sent presque la chaleur du soleil sur la peau en regardant House by the railroad, Summertime ou Morning sun.
Morning sun, 1952
La peinture d'Hopper mélange une grande netteté, une précision du trait avec un grand flou. C'est cette contradiction qui interpelle, qui fascine. Vu la foule qu'il y avait, j'ai beaucoup regardé les tableaux sur le côté avant de pouvoir les approcher, et sous cet angle, les blocs de couleurs sont très nets.
Quand on s'en approche pourtant, les détails deviennent fuyants, on ne peut saisir les expressions des visages. Ces personnages solitaires restent insaisissables, comme ces points noirs dans les illusions d'optique qu'on voit du coin de l'oeil mais qu'on ne peut fixer.
Chop Suey, 1929
Une véritable émotion se dégage également de ses tableaux. Je ne pensais pas avant que je pourrais trouver un simple bâtiment si émouvant... C'est cette incompréhension devant ce que provoque la peinture d'Hopper qui est fascinante. Je ne veux pas la comprendre et l'expliquer, la ressentir me suffit.
Summertime, 1943 (sans doute mon second préféré de cette rétrospective)
C'est un peintre qui par une simplicité apparente va directement à l'essentiel, nous touche sans beaucoup d'efforts. Il y avait beaucoup d'enfants dans cette exposition, et c'est vrai qu'elle leur est très accessible.
House by the railroad / Maison sur le bord de la voie ferrée, 1925
Le problème des boutiques des musées, c'est qu'après avoir vu les tableaux, je renonce à acheter les reproductions car elles ne reflètent absolument pas la beauté réelle de l'oeuvre. Pourtant, ici j'ai craqué pour quelques magnets et marque-pages, les restes après le pillage de la boutique qui a eu lieu depuis octobre...
Si vous avez des ouvrages à me conseiller pour prolonger cette visite, je suis preneuse. Hormis le catalogue de l'expo, tout était épuisé dans la boutique du Grand Palais.
Sun in an empty room / Soleil dans une pièce vide, 1963 (un des derniers tableaux d'Hopper)
Ces quelques mots reflètent imparfaitement mon ressenti, mais pour une fois, je laisse de côté l'analyse et me contente d'apprécier pleinement cette journée sans réfléchir.
"If you could say it in words, there would be no reason to paint."
Edward Hopper