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lundi 26 mars 2012

Les années douces, tome 1, de Taniguchi et Kawakami



Taniguchi est le plus occidental des illustrateurs japonais : son dessin, entre BD franco-belge et manga, a beaucoup de succès par chez nous – moins au Japon, allez savoir pourquoi.
Dans Les années douces, il met en image les mots d’Hiromi Kawakami dans son roman du même nom. L’histoire est belle et simple : une femme de 37 ans rencontre un homme qui la connait : il était son professeur, il y a de cela déjà plusieurs années. Ils se retrouvent souvent dans le petit troquet où ils ont l’habitude de manger. Petit à petit, ils s’assoient côte à côte, puis commencent à se voir en dehors…


Si quelqu’un s’amusait à me demander pourquoi cet attrait pour la littérature japonaise, l’un des éléments de réponse que je pourrais donner serait sans doute ce gout indéfinissable que l’on ne retrouve que dans les livres de ce pays. Ces histoires de personnes qui se croisent, se recroisent et se reconnaissent, font un bout de chemin ensemble. Il y a une langueur, voire une torpeur, mais qui est en même temps accompagnée d’une grande douceur. On sent la vie qui s’écoule, lentement, et le temps que prennent les personnages à la regarder passer sans rien pouvoir y faire.

Il ne se passe pas grand-chose dans cette histoire. Les héros se retrouvent, puis ne se parlent pas parfois pendant des semaines. Ils mangent, se taisent, vont au marché, en balade. On se pose des questions sur leur relation surprenante : pourquoi passent-ils autant de temps ensemble ? Comme se demande d’ailleurs Tsukiko, pourquoi, alors qu’elle a un rendez-vous avec un homme, pense-t-elle à son vieux maitre ? « Il n’aurait pas fait cela, lui ». Est-ce un attachement comme à un vieil ami, ou même de l’amour ?


Et puis il y a la nourriture, au cœur de cette histoire. On y découvre la gastronomie nippone dans toute sa richesse, loin des clichés sushi-maki que l’on connait par chez nous. Taniguchi est un grand gourmet (il a d’ailleurs nommé l’une de ses œuvres Le gourmet solitaire) et c’est un bonheur de le voir célébrer la nourriture dans sa simplicité, son originalité et sa richesse. On prend plaisir à voir Tsukiko manger avec grand appétit.

En somme, si vous aimez la littérature japonaise ou la culture japonaise, lisez-le. Mais il est possible que certaines personnes trouvent que tout cela manque un peu d’action… Moi j’aime ce genre d’œuvres qui permettent de souffler, un bon coup et de se sentir mieux.


Semaine nippone, jour 1 (ne notons pas mon retard)


Rolala les amis !
Je m'étais inscrite en avance, j'étais au taquet, je l'attendais cette semaine japonaise organisée par Choco, je ne lis que de la littérature japonaise depuis des jours... et voilà, j'ai pas trouvé moyen de poster un seul billet depuis son début, la semaine dernière ! Résultat, il me reste 4 jours pour vous abreuver de japoniaiseries !
Qu'à cela ne tienne, je vais mettre les bouchées doubles !
C'est donc parti pour une semaine sous le signe du soleil levant !
Gambatte!*


* courage en japonais

vendredi 4 novembre 2011

Japan Ai! d'Aimee Major Steinberger



Présentation de l'éditeur : 
 En Japonais, Ai signifie amour et si vous aimez le Japon, préparez-vous à une plongée merveilleuse dans l incroyable monde de la pop culture japonaise. Japan Ai est avant tout un journal de voyage : aux dessins s'ajoutent des légendes détaillées narrant les aventures qui ont fait de cette visite une superbe et mémorable expédition. Le livre commence par quelques informations amusantes sur Aimee et ses compagnes de voyage ; Aimee adore le Cosplay, les poupées Volks, la japanimation et tout ce qui est kawaii. Elle nous fait partager ses expériences nippones en croquant de manière adorable les moments drôles de son séjour. Ce livre est un trésor ; c'est un drôle et magnifique aperçu du Japon à travers les yeux d'une passionnée. 


Japan Ai est un carnet de voyage en BD d’une américaine amoureuse du Japon et qui raconte son voyage dans ce pays qui en fait rêver plus d’un (moi y compris).
Dès le début, elle nous raconte son voyage mêlant descriptions touristiques (Kyôtô, les sources chaudes Onsen, les geishas croisées dans la rue…), les références à une culture plus moderne (les poupées VOLKS, les magasins Sanrio où elle ne peut s’empêcher de craquer pour des souvenirs kawaii) et les petites anecdotes : les surprises quand on mange quelque chose sans savoir ce que c’est, ou comment survivre quand on fait 1m81 dans un pays où tout le monde est petit, et qu’en plus on perd sa valise.


Tout cela fait de ce petit livre sans prétention un régal pour les amoureux du Japon. Le dessin assez simple est sympathique, même si j’aurais aimé plus de détails, à l’image d’une aquarelle magnifique d’une carpe koi qui montre le talent d’Aimee Steinberger !
A lire si vous êtes nippophile (j’aime bien de temps en temps créer de nouveaux mots) ou si vous êtes curieux de ce pays ! Je vous garantis qu’après, vous commencerez à planifier votre futur voyage destination l’Orient…

Les avis tout aussi enthousiaste de Faelys, à qui j’ai piquée l’illustration de deux planches du livre et Clarabel.

vendredi 1 juillet 2011

Appel du pied, Risa Wataya

Pour conclure en beauté le challenge In the mood for Japan, Choco a proposé une quinzaine nippone. J'avais l'intention de participer, mais la période qui a suivi a été très chronophage et ce n'est que pour la fin que je peux rejoindre l'aventure...
Je vais donc vous parler aujourd'hui d'un roman lu il y a longtemps mais qui a été un gros coup de coeur et reste encore aujourd'hui dans ma mémoire, Appel du pied de Risa Wataya (mon avis sur son autre roman Install ici).



Ce livre m’a tout d’abord attirée par sa couverture : une jeune fille qu’on dirait sortie d’un manga, qui regarde dans le vague, qui a l’air un peu perdue. Et sans trop lire le résumé, je l’ai acheté.


On y fait la rencontre d’Hasegawa, qui traine son ennui dans sa petite ville japonaise, un peu comme l’héroine du premier roman de Risa Wataya, Install. Elle rencontre Ninagawa, un garçon isolé de son lycée : il ne vit que pour sa passion pour Oli-chang, une idol (star de la chanson japonaise, souvent très jeune, agée de 12 à 16 ans) et est au comble du bonheur lorsqu’il découvre que Hasegawa a rencontré un jour cette chanteuse et qu’elle lui a même parlé. Il la harcèle pour connaitre tous les détails, l’emmène au concert de la star.

Hasegawa, de son côté, commence à ressentir de l’attirance pour cet étrange garçon, mais il est tellement occupé à vivre dans ses rêves qu’il ne la remarque pas…


Tout comme Install, ce roman a une atmosphère très particulière. On sent la lassitude et le trouble caractéristiques de l’adolescence. Hasegawa se cherche, est bel et bien perdue comme le laisse supposer le dessin de la couverture. Elle regrette le temps de l’enfance, où les choses semblaient plus simples. Elle est tout simplement dans une phase de changement, qui la laisse entre deux eaux.

Ninagawa représente quant à lui un phénomène fascinant au Japon : ces personnes qui sont passionnées par les stars, les idols, au point de collectionner tout ce qui les concerne et de ne vivre que par rapport à leur passion. Sa rupture avec le monde extérieur est à la fois fascinante et très effrayante, car il préfère une personne qu’il ne connait pas et idéalise à une personne réelle, certes pleine de défauts, mais qui est en face de lui, et s’intéresse à lui.

En quelques pages (ce roman est comme Install, très court), Risa Wataya réussit à nous faire ressentir cet état étrange qu’est l’adolescence, et à mettre le doigt sur les dérives de nos sociétés.

Un très bon roman donc, que je conseille à tous, y compris ceux qui ne sont pas si intéressés par le Japon.

Je vous laisse avec une chanson pop japonaise d'un groupe qui s'appelle Jelly Beans, pour mieux découvrir ce que sont les idols.

Et demain, tenez-vous bien car je vous parle d'un manga cultissime, Hana Yori Dango. Ca va couiner !

mercredi 1 juin 2011

Install, Risa Wataya



On y rencontre Asako, qui semble trainer son ennui partout et ne voit pas l’intérêt de suivre la course effrénée que subissent tous les petits japonais : dès leur naissance, ou presque, ils subissent une pression très forte pour faire leurs études dans les meilleures écoles possibles, sésame pour rentrer non pas dans les universités les plus prestigieuses, mais tout simplement dans une fac potable.
Mais tout cela dépasse Asako, et elle se met à sécher les cours, puis se débarrasse de toute sa chambre (mobilier et ordinateur portable) dans la cave de sa résidence. Oui, mais au Japon, pays où il est important de ne pas se mettre dans l’embarras ou de faire subir cela à quelqu’un d’autre, ce simple geste (bon je reconnais que ce n’est pas tous les jours qu’on bazarde toute sa chambre à la poubelle, mais  cela reste un choix individuel) prend une proportion importante, vu que le concierge ne voudra surtout pas de tous ces meubles dans le local à ordures. Ca, c’est un des voisins d’Asako, Kazuyoshi, dix ans, qui le lui dit. Il demande à récupérer son ordinateur pour gérer un compte sur un site de chat érotique.
Dans ces circonstances qui semblent irréelles, Asako apprend à le connaitre et l’aide même à gérer ce compte .Tous les jours, lorsqu’il part à l’école, elle s’introduit chez ses parents et, coincée dans le placard de la famille, elle parle à des hommes à travers un écran…

« Paroles d’une fille bizarre (oui je l’admets) et mal réveillée :
-          Et pourquoi faudrait-il que je continue à mener la même vie que tout le monde ? »

Ce livre de Risa Wataya est, dès sa première phrase, déroutant. Savoir qu’elle l’a écrit pendant les grandes vacances quand elle avait 17 ans l’est encore plus.
Elle a un don pour nous parler des « outcast », ces parias d’une société qui supporte si mal qu’on s’écarte du « droit chemin ». Au Japon, on travaille dur dès la naissance pour obtenir le droit de se fondre dans la masse et ne surtout pas se faire remarquer. On ne se pose même la question de pourquoi on devrait le faire, d’où l’état d’hébétude d’Asako, pour qui le mot qui correspondrait le mieux est « paumée ». Elle semble flotter dans un néant qui n’a ni début ni fin.
Dans beaucoup d’autres pays, on lui poserait la question « pourquoi ? ». Mais au Japon, on évite d’être aussi direct. Sa mère fait semblant de ne rien remarquer, un de ses amis proteste mollement face à son absentéisme, mais sans en faire trop (vous comprenez, il n’a pas le temps, il faut bien qu’il révise), et seul son petit voisin sait à quoi elle occupe ses journées. Les livres de Risa Wataya nous montrent en effet souvent des adolescents livrés à eux-mêmes, qui doivent se débrouiller seuls pour trouver leur chemin, car les adultes ne sont jamais là pour les aider ou répondre à leurs interrogations.
D’où ces comportements qui nous semblent complètement surréalistes : une adolescente qui sèche les cours pour aller sur des chats érotiques dans le placard de ses voisins qu’elle ne connait pas – et sans se faire prendre ? Il n’y a qu’au Japon qu’on peut trouver ça, et c’est sûrement cet aspect d’un pays souvent admiré, parfois critiqué mais le plus souvent mal connu, qui me fascine…
J’ai eu l’impression qu’en quelques cent pages, en décrivant les choses les plus triviales qui puissent paraitre, Risa Wataya a réussi à sonder et assez bien cerner la société japonaise d’aujourd’hui (pour ce que je peux en dire, étant donné que c’est un pays que je n’ai jamais vu de mes propres yeux), en s’intéressant à ceux qui sont sur les bas-côtés et ont refusé de se conformer à ce qu’on attend d’eux. En cela, ce court roman, qui se lit très vite, m’a rappelé les deux Murakami : Ruy, qui met souvent en scène des adolescents « déviants », et Haruki, dont les personnages sont assez souvent comme Asako, un peu paumés, et qui ne savent pas vraiment s’ils doivent suivre le mouvement, ou se poser et se demander ce qu’eux, veulent.
Une très belle découverte, j’espère pouvoir bientôt lire d’autres titres de cette auteure prometteuse ! J’ai déjà lu Appel du pied, son second roman, mais j’espère que d’autres suivront.

lundi 28 février 2011

Totto-chan, la petite fille à la fenêtre

En commençant ce livre, je n'avais à peu près aucune idée de ce qui m'attendait. Je savais juste que c'était un roman très connu au Japon et que j'en avais entendu de bon échos.

Ce livre qui se passe dans le Japon des années 30, raconte donc l'histoire de Totto-chan, une petite fille qui se fait renvoyer de son école, parce qu'elle se lève en plein milieu de la classe pour demander à l'hirondelle dehors "ce qu'elle fait". A la suite de ça, elle est inscrite dans une école pas comme les autres, l'école Tomoe. Les salles de classe de l'école Tomoe sont des wagons de train, chaque élève commence par la matière qu'il veut le matin, et l'après-midi est consacré à des ballades, et des jeux. Une école assez révolutionnaire donc, si on connait la réputation de l'école japonaise de maintenir ses élèves dans un moule très strict.
Cependant, le but du directeur de l'école Tomoe n'est pas seulement de donner plus de liberté aux enfants et de les laisser s'amuser, il est avant tout un pédagogue. Par exemple, les ballades sont l'occasion de découvrir les plantes et animaux, et de composer des haïkus, les jeux de comprendre certaines choses sur la nature et les hommes. 
Et c'est là tout l'intérêt du livre, qui est une histoire vraie (puisque Totto-chan est en fait l'auteure, Tetsuko Kuroyanagi !). A chaque épisode des aventures de Totto-chan, l'on finit par comprendre où le directeur voulait en venir, pour permettre aux enfants d'apprendre tout en s'épanouissant. Il crée ainsi un tournoi sportif dont les épreuves ne sont pas les mêmes que dans les autres écoles... et c'est le petit garçon le plus faible qui le remporte, lui qui d'habitude ne gagne rien. De là à penser que le directeur avait créé ces épreuves exprès pour qu'il puisse gagner pour une fois, il n'y a qu'un pas que Tetsuko, des années après, n'hésite pas à franchir...
Ce livre est donc formidable, non seulement car les aventures de la petite Totto-chan, qui est très attachante et très intrépide, sont amusantes, mais également car on se rend compte qu'il n'est pas forcément plus dur d'éduquer les enfants autrement. Il suffit simplement de réfléchir un peu, et de sortir des habitudes que l'on a prises.
Un petit bémol tout de même : le ton positif de l'auteure finit par sonner un peu faux. Je doute qu'il n'existe aucune méthode qui n'ait pas ses défauts, or, à l'entendre, on croirait que celle de l'école Tomoe est parfaite. Dommage, car un peu de nuance n'aurait pas forcément desservi son propos !

En résumé, une bien jolie découverte, pour se plonger dans le Japon des années 30 à travers les yeux d'une petite fille, et également pour en découvrir un peu plus sur la pédagogie de manière pas du tout rasoir !

Extrait :
"En trouvant Totto-chan dans une telle situation, la plupart des adultes se seraient écriés: "Non, mais qu'est-ce que tu es en train de faire?" ou "C'est dangereux, arrête tout de suite!", tandis que certains, à l'inverse, lui auraient proposé leur aide. Mais le directeur, lui, s'était contenté de lui demander de tout bien remettre en place une fois qu'elle aurait terminé. "Quel remarquable pédagogue", pensa la mère de totto-chan lorsque sa fille lui rapporta l'incident"

 Mon premier billet pour le challenge In the mood for Japan, il était temps !