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vendredi 28 novembre 2014

La princesse des glaces, Camilla Läckberg


Chronique d'un livre lu il y a maintenant un an...

Le Résumé (merci la 4e de couv', ma lecture remonte à trop loin pour pouvoir redire précisément l'intrigue) :
Erica Falck, trente-cinq ans, auteur de biographies installée dans une petite ville paisible de la côte ouest suédoise, découvre le cadavre aux poignets tailladés d'une amie d'enfance, Alexandra Wijkner, nue dans une baignoire d'eau gelée. Impliquée malgré elle dans l'enquête (à moins qu'une certaine tendance naturelle à fouiller la vie des autres ne soit ici à l'œuvre), Erica se convainc très vite qu'il ne s'agit pas d'un suicide. Sur ce point - et sur beaucoup d'autres -, l'inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi, la rejoint.  

Après avoir tant entendu parler de la saga de Camilla Läckberg, une des têtes de file du polar suédois, j'ai enfin décidé de me lancer malgré des réticences liées aux commentaires négatifs que j'avais pu entendre sur ces romans. Les romans "à la mode" que tout le monde lit ont tendance à me repousser, ce qui explique pourquoi j'ai attendu si longtemps, comme ça avait déjà été le cas pour Millenium...
Mais lorsque je suis partie en vacances sur la côte Ouest de la Suède (plus bas que Fjällbacka puisque j'étais à Göteborg), c'était l'occasion rêvée !

 L'île Dönsö (photo personnelle)

Ce livre diffère des autres polars suédois auxquels on a habituellement affaire, premièrement puisque le héros n'est pas un homme mais une femme ! Ensuite, nous avons bien un inspecteur masculin, mais ô surprise, il n'est ni divorcé, ni dépressif, ni alcoolique ! Voilà qui achèvera de distinguer Camilla Läckberg de ses confrères...

Blague à part, le fait que l'enquête soit menée par deux protagonistes, dont une, écrivain, qui le fait pour la rédaction d'un livre apporte beaucoup de fraicheur et de renouveau. J'ai beaucoup aimé le personnage d'Erica, et adoré les instants liés à la rédaction de son manuscrit...
L'enquête policière reste très classique, mais ce qui fait la force de ce roman, c'est tout le reste. On plonge en effet dans le quotidien des personnages, dont les chemins se croisent à multiples reprises dans la petite ville de Fjällbacka...
J'ai tout de même été très agacée par l'aspect caricatural des caractères de certains personnages (le chef du commissariat, la soeur d'Erica et son mari...), mais Camilla Läckberg réussit malgré cela à faire aimer ses personnages et j'ai au final passé un bon moment.

photo personnelle

Il fait si bon vivre dans ce ravissant village... Les petites maisons rouges (les stugas, cabanes de bord de mer), le port de pêche, les maisons avec baie vitrée qui donnent sur la baie... Pendant toute la lecture, on se prend à rêver de vivre à Fjällbacka.

photos personnelles

Sans doute parce que l'extérieur peut être si inhospitalier, les suédois ont à cœur de faire de leurs maisons des endroits douillets, des cocons. On s'y sent immédiatement bien, à l'aise. La clarté apportée par le blanc traditionnel des maisons suédoises est contrebalancée par le parquet traditionnel et les tapis que l'on voit dans les demeures typiques.

On aimerait pouvoir rejoindre Erica dans sa maison familiale, mettre un plaid autour de ses épaules et prendre un café dans la véranda en admirant la vue...

Sources : *, *, *, *
J'imagine la maison d'Erica comme cela... Ca fait rêver non ?

Malgré ses défauts, ce roman est donc bourré de charme et Fjällbacka deviendra sans hésiter une escale de choix pour mes lectures estivales ! Avant de pouvoir y aller vraiment un jour !

 Depuis, je me suis régalée avec le tome 2 et je savoure le fait qu'il me reste de nombreux tomes à découvrir !

lundi 11 février 2013

Noël sanglant, Kjetil Try


Résumé de l'éditeur :

9 décembre 2007 - Reidar Dahl reçoit l'ovation du public pour son interprétation de Joseph dans L'Évangile de Noël. Ce succès sera de courte durée car le lendemain, Reidar s'est volatilisé. Nul ne peut expliquer cette disparition. Lorsque l'inspecteur Lykke découvre les organes du comédien dans le congélateur de ce dernier, il devient évident pour lui qu'il ne s'agit pas d'une affaire banale... Une religieuse disparaît également quelques jours plus tard. Là encore, on ne retrouve plus que ses organes. Puis, c'est au tour d'un âne... Commence alors une véritable course contre la montre pour l'inspecteur, qui sait qu'il doit arrêter le responsable avant qu'il n'accomplisse son terrible dessein...

Voici pour les amateurs de polars nordiques le petit dernier dans la famille des norvégiens !
Lykke est un héros typique de ce genre de romans, la quarantaine, obsédé par son travail au détriment de sa famille, qui dort à peine et mange n'importe quoi (quand il mange...).
Bref, vous l'avez compris, ce n'est pas l'originalité du personnage principal pour un roman du genre qui constitue l'atout principal de ce roman.

En revanche, malgré cela, l'inspecteur est un personnage que l'on prend plaisir à découvrir, tout comme ses collègues. Ses doutes sur ses capacités à mener l’enquête à bien et trouver le coupable le rendent "accessible" et attachant malgré une apparence froide au premier abord.

Oslo (source)

J'ai regretté ne pas voyager un peu plus dans la ville d'Oslo (hormis au début) où se déroule l'enquête, mais l'intrigue prend une tournure intéressante à partir delà moitié du roman, ce qui m'a fait bien vite oublier cet aspect.
Seul vrai regret, la conclusion ! Lorsque l'enquête est enfin résolue, le livre se termine d'une façon vraiment abrupte : on à peine le temps de digérer ce qui vient de se passer, et un chapitre de plus avec les personnages ne serait pas de trop...

Au final, je ne conseillerais pas en priorité ce roman à une personne qui aimerait découvrir le polar nordique, car j'ai plus apprécié d'autres romans du même genre. En revanche, pour les adeptes du genre en mal de nouveautés, voici un nouvel inspecteur à suivre !

mardi 29 janvier 2013

Top ten tuesday : les dix raisons qui me donnent envie de repartir en Nordie

J'en ai peut-être déjà parlé, mais j'ai vécu un an en Suède pour un échange Erasmus et suis tombée amoureuse de cette région du monde. Si la vie là-bas n'était pas dépourvue d'inconvénients et que je ne souhaiterais pas m'y installer définitivement, l'envie d'y retourner passer un peu de temps et visiter me poursuit depuis quelques temps... Et voilà pourquoi, en dix raisons !


Parce que j'ai beau aimer cette ville, il faut le dire : Paris pue. Parfois, quand un scooter démarre sous mon nez et que j'oublie de retenir ma respiration, je me prends à rêver de tortures à l'encontre de ce vil individu de vivre dans un endroit où il y a plus de sapins que d'humains. Et enfin RESPIRER.
Vous ai-je dit que quand je vivais en Suède, le chemin pour aller à l'université était le long d'un lac ?

Pour enfin voir des aurores boréales.


Parce que Copenhague est la capitale la plus cool au monde. Avec plein de musées, de choses à visiter, de boutiques, de petits cafés où manger des smorgas, et en même temps un rythme paisible, où l'on peut se balader à vélo ou à pied, il y fait bon vivre.

Pour le fika, tradition incontournable en Suède. Le fika est une pause gouter qu'on peut faire à à peu près n'importe quelle heure entre 10h et 19h. Un café ou un thé, un verre de jus de fruits et un petit sandwich salé ou la patisserie nationale, la kannelbulle.


Pour les kanelbullar, les pepparkakor (biscuits à la cannelle de Noël), le saumon fumé qui est véritablement meilleur, la blabärsoppa (sorte de jus épais de myrtilles qu'on peut boire chaud ou froid), les köttbullar, et pour tout le sucre que mettent les suédois dans tous leurs plats (y compris la salade de pommes de terre et le pain) qui laisse perplexe mais fait leur charme.

Source   
Parce qu'il me reste tant d'endroits à visiter : la Norvège, la Finlande, Kiruna au dessus du cercle arctique, les archipels de Stockholm et Göteborg en été, l'Islande...

Pour la neige qui casse les pieds quand on la subit pendant cinq mois mais qui bizarrement ne dérange plus quand on visite et qui donne cette atmosphère délicieuse.


Source   
Pour les saunas

Parce que disons-le, il fait souvent un temps moche là-bas, que l'hiver est long et que le manque de lumière se fait sentir à la fin, mais c'est pour ça que le printemps n'en est que plus beau et qu'il est vécu comme une véritable renaissance.

Pour remarcher sur un lac gelé en hiver 

Ca ne se voit pas, mais j'étais sur le lac recouvert de neige...

Pour revoir les petites maisons traditionnelles rouges(et les bouleaux)


Parce que le suédois est une des plus jolies langues au monde ! Ecoutez cet épisode des Moumines en VO pour vous en convaincre !


Après m'avoir entendue soupirer, râler, pleurnicher pendant maintenant plusieurs mois, mister Touloulou m'a parlé d'y retourner cet été. J'espère que l'on pourra le faire...
Nous irions du côté de l'archipel de Göteborg. 
Je rêve déjà de me balader sur le petit port de Fjällbacka (ville connue depuis que Camilla Läckberg s'en sert comme théâtre de ses romans, d'ailleurs la princesse des glaces est dans ma pal) lorsque le soleil se couche, de manger des fruits de mer frais, de faire un tour en bateau pour voir des phoques et aller loin, jusque dans les îles les plus occidentales d'Europe, Värdenöarna (soit les "îles du temps" parce qu'elles ont été façonnées par les conditions climatiques... quel beau nom n'est-ce pas ?)


(Quand je n'ai pas mis la source, les photos m'appartiennent).

Connaissez-vous un peu cette région ? 

mardi 22 janvier 2013

Moumine le troll, Tove Jansson


Connaissez-vous les Moumines, ces petites créatures charmantes qui vivent dans la nature du côté de la vallée des Moumines ?

Ce grand classique de la littérature jeunesse finlandaise est un symbole dans ce pays, mais également en Suède car l'auteure, Tove Jansson, fait partie de la minorité suédophone finlandaise. Les livres ont également été adaptés en dessin animé, qui est passé des années à la télévision chez nous.

Pourtant,  c'était la première fois que je découvrais véritablement Moumine, ses parents et leurs amis, le Renaclerican, un éternel voyageur, Sniff le peureux, l'Emule qui n'aime pas grand chose d'autre que collectionner les timbres et les Snorques.


Tout ce petit monde se réveille après une longue hibernation lorsque revient le printemps. Ils n'ont eu tout l'hiver que des aiguilles de pin dans le ventre, et commencent donc par un fameux petit déjeuner.
Mais très vite, Moumine et les autres se lancent dans mille aventures, car dans la vallée des Trolls, on peut trouver en chaque chose une occasion de s'amuser !

Cette lecture jeunesse est un régal pour tous ceux qui n'ont pas perdu leur âme d'enfant. Tove Jansson nous présente des personnages vraiment adorables et attachants, à la fois par leurs qualités et par leurs défauts. J'ai notamment aimé la maman Moumine qui n'hésite pas à faire de temps en temps la sieste... Un personnage de maman que l'on montre ouvertement prendre du temps pour elle, c'est rare, surtout pour un livre de cette époque...


L'imagination de l'auteure a permis de créer un monde empli de douceur et en même temps de fantastique. En refermant ce livre, on a envie à notre tour de profiter doucement de l'air du printemps (bon ce n'est pas trop la saison en ce moment !), de passer du temps avec ceux qu'on aime et de voir la vie du bon côté...

Moumine le troll, Tove Jansson, 1948 (réédité en 2005)
Il existe plusieurs tomes des aventures des Moumines, réédités par Nathan entre 2003 et 2006, mais je ne sais pas si aujourd'hui on les trouve facilement...

Pour finir, un extrait du dessin animé en version suédoise, écoutez comme c'est doux... Et si vous ne comprenez pas, regardez l'arrivée du printemps dans la vallée des Moumines !


Et je vous laisse avec cette fois l'épisode en français... quel dommage qu'on ne puisse trouver les épisodes en suédois avec des sous-titres ! 

jeudi 13 décembre 2012

Christmas wonderland 2 : Santa Lucia, une tradition suédoise

Aujourd'hui, pour ce second billet de Noel, je participe au Calendrier de l'Avent organisé par Marmotte.

Quand je me suis inscrite, je n'ai pas choisi la date au hasard : le 13 décembre est en effet la Ste Lucie, alias Santa Lucia, fête très importante en Suède qui marque véritablement le début de la saison de Noël. 

Tableau de Carl Larsson

Commençons par un peu d'histoire
Traditionnellement une fête importante dans toute la Chrétienté occidentale, la Ste Lucie est aujourd'hui surtout célébrée en Scandinavie, principalement en Suède et dans une certaine mesure au Danemark, en Norvège, en Islande, en Finlande et... en Italie (eh oui, Santa Lucia ça sonne plus italien que suédois !)
Pour la petite info, avant la réforme du calendrier grégorien au XVIème siècle, ce jour tombait en même temps que le solstice d'hiver.
Lucia dérive du latin lux, lucis, qui désigne la lumière, célébrée car autant précieuse qu'elle est rare dans ces régions en hiver.

On pourrait expliquer la Ste Lucie par la tradition allemande qui consistait à habiller les petites filles en Christ enfant puis leur faire distribuer des cadeaux de Noël. Les suédois se sont approprié cette tradition dans les années 1700, mais c'est le musée Skansen (qui est le musée des modes de vie et traditions suédois anciens, à Stockholm) qui l'a remise au gout du jour en 1893.
(merci wiki !)


God Jul ! (Joyeux Noël)

Mais alors, tout ça c'est bien, mais que fait-on à la Ste Lucie ?

D'abord, il faut élire Lucia, la jeune fille qui aura l'honneur de mener la procession (et de marcher avec des bougies en équilibre sur la tête, ça ne s'improvise pas !)
Cette élection est assez importante, et les Lucia peuvent se retrouver en régionales puis en finale pour devenir Lucia nationale (c'est un peu comme Miss France quoi).
Le soir, la procession arrive à l'église où les suédois viennent en nombre et en famille assister au spectacle, composé de nombreux chants et parfois d'histoires mises en scène.

Santa Lucia dans la cathédrale de Växjö (photo de moi)

En dehors de cette cérémonie qui est un très joli moment où l'on peut célébrer l'arrivée de l'hiver bien au chaud (l'attente dehors avant que l'on puisse rentrer dans l'église est, elle, moins drôle), la tradition à la Sainte Lucie est de manger des Lussekatter (langues de chats), de délicieuses brioches safranées.


Je vous laisse avec une vidéo du chant de Santa Lucia :



 
Si vous vivez à Paris, chaque année l'Institut suédois célèbre Lucia autour d'un verre de glögg (vin chaud suédois qui existe également en version non alcoolisée).

Ce soir, rendez-vous à 18h30 dans la cour de l'Institut qui accueillera une chorale d'une cinquantaine d'enfants venus de Stockholm !
11 rue Payenne dans le 3ème arrondissement (métros St Paul et Chemin Vert)

samedi 21 avril 2012

La femme en vert, Arnaldur Indridason


Résumé :
Dans une banlieue de Reykjavik, au cours d'une fête d'anniversaire, un bébé mâchouille un objet qui se révèle être un os humain. Le commissaire Erlendur et son équipe arrivent et découvrent sur un chantier un squelette enterré là, soixante ans auparavant. 


Dans la femme en vert, nous retrouvons le commissaire Erlendur, rencontré dans La cité des jarres (également publié chez Points), plongé dans une enquête qui nous fera faire un voyage dans le passé, pour retrouver l’époque de la Seconde guerre mondiale…
Parmi les séries d’enquêtes policières scandinaves, devenues innombrables dans le paysage littéraire, Arnaldur Indridason rencontre un certain succès. Si j’avais aimé le premier tome tout en lui trouvant des défauts, ce second tome m’a conquise.

L’enquête, tout en restant plutôt classique, est vraiment agréable à suivre. Plus les pages défilent, et plus le suspense monte, jusqu’à la fin. Je ne pouvais plus décrocher du livre, happée par l’histoire.
Le second élément de ce roman, ce sont les personnages. On a un peu (trop) l’habitude des flics nordiques divorcés, seuls, ayant un penchant pour la bouteille et pas très bien dans leur peau… Pourtant, malgré cela, Erlendur est parvenu à me faire oublier cette image clichée. Ses questionnements, sa relation avec sa fille et le souvenir douloureux de la mort de son frère lorsqu’il n’était qu’un enfant en font un vrai personnage attachant, et pas seulement un pion chargé de mettre en scène l’enquête.

L’originalité de ce roman est également d’accorder une importance particulière à la victime du meurtre, et à son entourage. C’est une histoire poignante, de maltraitance qui ne peut que toucher par sa justesse, sans en faire trop. On découvre aussi la vie de l’Islande pendant la guerre, sous occupation d’abord britannique, puis américaine.

En bref, une très bonne enquête, des personnages touchants et un plus par rapport à d’autres histoires policières… Découvrez Erlendur et l’Islande dans cette formidable série !

jeudi 16 février 2012

Millenium, tome 1 : les hommes qui n'aimaient pas les femmes



Résumé de l'éditeur 
Ancien rédacteur de Millénium, revue d'investigations sociales et économiques, Mikael Blomkvist est contacté par un gros industriel pour relancer une enquête abandonnée depuis quarante ans.
(j'ai coupé, je trouvais que ça en disait trop, et puis les intrigues de romans policiers, on sait toujours un peu ce qu'elles sont...)

Cela fait un moment que je suis baignée dans la culture suédoise, ayant vécu dans ce pays pendant un an il y a trois ans (comme le temps passe vite). Et quand je disais autour de moi que j’allais y aller, que j’y vivais, puis quand je suis rentrée, que j’en venais, une personne sur deux me parlait de Millenium. Classique. Sauf que je n’avais pas lu cette saga, étant plus branchée Mankell à l’époque, et que tout le tapage médiatique qui était fait ne me donnait pas du tout envie de m’y mettre.

Maintenant qu’on est passé à autre chose, et surtout que le grand public a vu qu’il y a autre chose dans la littérature suédoise que Millenium (le Salon du livre de l’an dernier a joué un peu de ce côté je pense !), j’ai laissé de côté mes réticences et me suis laissée embarquer aux côtés de Mikael et Lisbeth.

 Les couvertures suédoises ressemblent vraiment à des magazines, je trouve ça vraiment bien fait !

Le début a été rude, surtout à cause des conversations économiques qui ne m’intéressaient guère (on ne dirait pas que j’ai étudié cette matière), mais une fois l’enquête lancée, j’ai complètement accroché. L’histoire ne ressemble pas à n’importe quel autre polar suédois, ce qui explique sans doute son succès.
J’ai parfois trouvé que le rythme était un peu mou, mais avec le recul, cela permet à Blomkvist de tourner en rond, de ressasser les éléments de son enquête, de chercher la faille qui lui permettra de résoudre l’énigme. Et quand il a découvert le premier indice, mon cœur s’est emballé, j’étais excitée comme si j’avais été à ses côtés à l’intérieur du roman.
Les personnages sont vivants, complexes, pas caricaturaux : ils ont du relief. Mikael Blomkvist n’est pas l’un de ces éternels flics suédois divorcés, solitaires avec un penchant pour la bouteille. Et je ne vous ai même pas parlé de Lisbeth, ce personnage hors du commun, qui fait presque oublier son collègue. Sa solitude et ses difficultés en matière de relations sociales cachent à la fois une force de caractère incroyable et une fragilité très touchante. C’est aussi l’avantage d’un long roman : on prend le temps de côtoyer ses personnages, et on finit par les apprécier, s’y attacher. Rien que pour eux deux, je sais que je lirai la suite.

J’ai été un peu frustrée de l’ambiance. Disons que j’aurais aimé avoir l’impression être de retour en Suède, et que parfois on aurait pu sentir que le roman se passait ailleurs. Mais ce n’est qu’un petit bémol !

Comme vous l’avez sans doute vu, l’adaptation américaine (une version suédoise existait déjà !) de ce premier volet est sortie. Je compte bien aller le voir ce week end ! Et vous ?
J'ai lu ce livre dans le cadre d'une lecture commune organisée par Ayma sur Livraddict. 

mercredi 28 décembre 2011

Montecore, un tigre unique, Jonas Hassen Khemiri



Quel livre incroyable !
Et surtout, comment en parler, mettre les mots sur ce qui m’a tant plu…

Ce livre est un roman sur l’identité, sur le fait d’être un immigré dans un pays, et de ne pas réussir à en faire partie malgré tous ses efforts pour s’intégrer. Abbas, le père du narrateur a une identité plurielle. D’origine tunisienne, il parle un mélange de français, d’anglais, d’arabe et d’un suédois de cuisine. Il crée des mots, comme il crée des histoires et parle le « khemirien ». A l’image de son héros, Jonas Hassen Khemiri joue avec les mots, les triture, s’en amuse. Malheureusement, ces mots sont à la base suédois, et traduire un tel roman signifie forcément passer à côté de certaines subtilités. Pourtant, il faut reconnaitre le travail exceptionnel de la traductrice Aude Pasquier, qui se sort à merveille de cette tâche difficile.

Khemiri crée des personnages tellement réels qu’ils en sont presque palpables, avec leurs qualités, leurs défauts et leurs contradictions. Il y a Abbas, le père, ce personnage extraordinaire, plein de rêves. Il y a Jonas, le fils, avec son admiration sans borne pour son paternel, et son imagination débordante. Puis, il y a Kadir, le meilleur ami d’Abbas, avec qui Jonas correspond. Lui aussi est plein d’admiration pour Abbas, malgré les hauts et les bas de leur relation, et le silence qui s’est instauré entre eux depuis dix ans. A eux deux, Jonas et Kadir rassemblent leurs souvenirs pour reconstituer la vie d’Abbas. Les contradictions entre leurs deux versions font souvent sourire, et soulignent à merveille la subjectivité des souvenirs : quand le temps passe, on sélectionne les événements, on les déforme pour faire d’eux ce qui nous arrange. 

C’est un roman qui parle de la Suède, au-delà des clichés imposés par les polars qui ont la côte chez nous. Il y a ces rues familières de Stockholm, les parcs et les ponts. Il y a les bouteilles consignées et les céréales Eldorado. Autant de petits détails qui m’ont fait sourire, en me rappelant la vie dans ce pays. Mais il y a aussi ces choses moins connues : le racisme d’un pays qui, loin d’être un modèle comme on se plait à le montrer en France, a eu ses propres problèmes avec l’intégration de ses immigrés. Et même les étrangers abattus dans la rue par un ou des inconnus, alors que la propagande de l’extrême-droite battait son plein dans les années 1990.
Abbas et son fils sont confrontés chaque jour au racisme et réagissent chacun à leur façon. Après avoir rechigné à apprendre le suédois, le père renonce à son identité, pour s’intégrer dans la société suédoise. Il ne parle plus sa langue merveilleuse, mais un suédois qui provoque pourtant des sourires sarcastiques lorsqu’il fait encore parfois une faute. Il « suédise » son nom pour son travail et renonce à ses rêves de marcher dans les pas de Robert Capa, le célèbre photographe. A la place, il prend en photo des chiens dans le sud de Stockholm et perd peu à peu sa joie de vivre. Pour ne pas finir comme lui, un « traitre », son fils Jonas se radicalise, et lutte à sa façon contre les idées extrémistes.

Il n’y a pas de happy end dans cette histoire. Et c’est tant mieux, car dans la vie non plus il n’y a pas de happy end. 

Il y a par contre un livre qui fait rire, qui émeut, avec des personnages attachants, qu’on a envie de suivre et d’aimer, malgré leurs défauts. Ce roman est à lire, que vous soyez particulièrement intéressé par la Suède ou pas !

vendredi 29 juillet 2011

Les farces d'Emil, Astrid Lindgren



 Les farces d'Emil, tome 1
Auteur : Astrid Lindgren
Editions : Livre de Poche
Année de parution originale : 1963
Année de parution de l'édition : 2008
Nombre de pages : 119










Si Astrid Lindgren est une auteure adulée en Suède, son pays d’origine, elle est injustement méconnue en France, où peu de gens savent qu’elle a écrit, entre autres, Fifi Brindacier.
C’est dommage car l’impertinence et l’humour de ses romans sont encore d’actualité, aujourd’hui. 

Dans Les farces d’Emil, on suit les péripéties d’un petit garçon typiquement suédois, aux boucles blondes et aux grands yeux bleus, dont la motivation dans la vie semble être de s’amuser le plus possible tout en faisant tourner ses parents en bourrique.
Il commence très fort en se coinçant la tête dans la soupière en essayant de lécher les dernières gouttes de potage. Papa, Maman et Lina la servante doivent l’emmener dans la carriole chez le docteur pour régler ça. De retour, à la maison, on pense que l’aventure est terminée… mais c’est sans compter sur Emil !

« La petite Ida ajouta :
- Au fait, Emil, comment tu t’es débrouillé pour te coincer la tête dans la soupière ?
- C’était pas très difficile, répondit Emil. J’ai juste fait comme ça. »
Au même instant, la maman d’Emil entra dans la cuisine. Et elle découvrir Emil, planté là, avec la soupière sur la tête. Emil secoua la soupière, la petite Ida cria, Emil cria à son tour. Car, une fois encore, il était coincé, et aussi bien coincé que le matin même. »


Les aventures d’Emil sont imprégnées de l’humour d’Astrid Lindgren. Je ne pensais pas m’amuser à ce point vu que ce livre est clairement pour enfants, mais les situations dans lesquelles Emil se fourre m’ont beaucoup fait rire.

On plonge également avec délice dans la vie d’une famille suédoise du début du vingtième siècle dans la région du Småland, d’où était originaire Astrid Lindgren. J’ai d’autant plus aimé cela que c’est dans cette région que j’ai vécu lors de mon année Erasmus, et j’ai bien retrouvé dans Les farces d’Emil les maisons peintes en rouge et les vergers fleuris au printemps qui m’avaient charmée.


« Katthult était une jolie petite ferme avec ses bâtiments peints en rouge. Elle était perchée sur une colline au milieu des pommiers et des lilas. Et, tout autour, des champs et des prés, des taillis et des haies, un lac et un grand bois. »
Les dessins originaux de Björn Berg sont délicieux et complètent très bien le texte d’Astrid Lindgren.


J’ai aussi retrouvé un goût de la Suède à travers les descriptions du festin que font les habitants de Lönneberga, qui n’auraient pas été sans déplaire à Fondantauchocolat qui nous régale souvent avec ses extraits fondants ;)  :

« Quant aux autres, même s’ils n’eurent pas de saucisse, ils ne repartirent pas le ventre vide. Car il y avait profusion de côtelettes de porc, de paupiettes de veau, de boulettes de viande*, de harengs marinés, de salade de harengs, de ragoût, de boudin et d’anguilles fumées. Et pour finir, ils eurent droit au meilleur gâteau au fromage blanc, nappé de confiture de fraises et de crème fouettée.
- Ya pas plus goûteux sur terre, déclara Emil. Et si jamais tu as mangé un gâteau comme celui servi ce jour-là à Katthult, tu sais sûrement qu’Emil n’aurait pu trouver un mot plus juste. »
Il n'y a pas meilleur gâteau au monde que ceux qu'on trouve en Suède, j'aurais aimé être à la place d'Emil !

Ce livre est donc indubitablement avant tout pour les enfants, mais les adultes se laisseront charmer par l’humour d’Astrid Lindgren et l’ambiance qui nous plonge dans la Suède rurale du début du vingtième siècle.
Si vous aimez la Scandinavie et plus particulièrement la Suède, vous ne pouvez passer à côté des romans d’Astrid Lindgren. Tous les suédois lui vouent un culte, et de nombreux auteurs la citent comme une influence majeure ; Emil m’a justement été conseillé par Magnus Lindgren, auteur suédois présent au salon du livre de Paris en mars dernier,  et qui a publié en français le roman pour ados La princesse et l’assassin

 Même à un âge avancé, Astrid Lindgren a gardé son âme d'enfant et son impertinence, la preuve !

Ce livre est divisé en trois tomes dans l’édition française parue au Livre de poche. Je lirai la suite sans hésiter !

Pour finir en musique, dans un genre que je n'écouterais pas tous les jours mais qui est assez drôle de temps en temps, une chanson extraite du film adapté du roman. L'occasion de découvrir un peu les sonorités du suédois pour ceux qui ne connaissent pas ;) :

*les fameuses boulettes de viande, ou köttbullar sont le plat national suédois, impossible de passer à côté !

mardi 21 juin 2011

Le loup dans la bergerie, de Gunnar Staalesen


Varg Veum est un héros de roman policier. Ce qui veut dire qu’il a la quarantaine, est divorcé, taciturne, boit à ses heures perdues, a des relations compliquées avec les autres (son ex-femme, son fils, les femmes qu’il tente de séduire…) et mène des enquêtes sur des meurtres mystérieux en oubliant régulièrement de respecter la loi et la police. Il aurait pu être marié et heureux, sociable et même pire, végétarien et adepte d’une vie saine sans alcool ni tabac, où il va à son bureau en vélo et fait du jogging avec son labrador ! Ca nous aurait changés, mais il faut croire que ce sera pour une prochaine fois.

Varg, donc, est un détective privé plus au moins au chômage technique, qui reçoit deux demandes de filature concernant une seule et même femme en une semaine. Cela l’intrigue, et il la suit dans tous ses déplacements la semaine qui suit. Il ne découvre rien d’exceptionnel, jusqu’à ce que la femme soit retrouvée un matin assassinée dans sa voiture. Varg, qui l’avait surveillée la veille est soupçonné par l’un des policiers (qui ne le porte pas dans son cœur) et se retrouve obligé d’enquêter pour prouver son innocence. La vie en apparence bien sous tous rapports de cette femme présente assez vite des zones d’ombre qui vont transformer l’affaire en un vrai sac de nœuds.

Si je n’ai pas détesté ce livre, je dois dire que je me suis malheureusement pas mal ennuyée. L’intrigue est très classique et n’a réussi à aucun moment à être véritablement palpitante. Le héros n’est ni spécialement sympathique ni antipathique, il m’a laissée complètement indifférente. Il a malgré tout une certaine ironie qui aurait pu me plaire si elle avait été plus présente.
J’ai acheté ce livre en grande partie pour le fait qu’il soit nordique, et se passe dans la ville de Bergen, que je ne connais pas, mais qui est très belle et semble avoir une atmosphère particulière, où la pluie semble donner un certain charme (un peu comme en Irlande). J’en ai été pour mes frais, car à part une énumération de rues, la visite de Bergen a été très limitée et j’ai eu le sentiment que le livre aurait pu se passer dans n’importe quelle ville, voire même dans n’importe quel pays. 

 (et maintenant j'ai une atroce envie d'aller à Bergen, c'est malin !)

Peut-être est-ce dû à l’époque ? J’ai été surprise de voir que le livre se passait dans les années 70, moi qui le croyais récent. Il a un peu mal vieilli et peut-être est-ce cet aspect qui m’a le plus frappée. C’est triste, mais quand j’entends parler de filatures et de coups de téléphone passés dans des cabines, je me rends compte que ce monde est bien différent de celui qu’on connait aujourd’hui. Ce n’est pas un problème en soi qu’il date des années 70, car j’ai lu et bien plus apprécié un roman de Sjöwall et Wahlöö (considérés comme les parents du polar suédois comme on le connait aujourd’hui), L’homme qui partit en fumée, qui se passait à la même époque.

Ce roman est donc plutôt banal parmi l’offre de romans policiers, et ce n’est pas le style de l’auteur qui le sauve, rempli de descriptions des physiques des personnages et des ameublements des lieux, qui n’ont guère d’intérêt pour moi. Du coup, je ne sais pas si je lirai la suite. Prune en a dit le plus grand bien, je verrai si je me laisse convaincre…