vendredi 21 janvier 2011

A contresens, Tom Liehr

Résumé quatrième de couverture :
Tim Köhrey, orphelin, passe une enfance trop tranquille au sein d’une famille d’accueil anesthésiée, dans la banlieue de Hanovre. Pour lui, la vraie vie va enfin commencer à l’été 1980, à l’aube de son adolescence, quand sa famille déménage. Tim se retrouve plongé dans un Berlin-ouest en pleine effervescence, battant au rythme de l’amitié, de la musique, du grand amour. Mais il va finir par tout perdre, en une fraction de seconde. Ce n’est qu’au millénaire suivant que Tim, DJ désabusé à la recherche du bouton rewind, cesse de se laisser porter par la vie et décide de partir à sa rencontre… quitte à prendre parfois quelques contresens. Un roman pop, doux amer et sans temps mort, sur les occasions manquées, les rêves mis de côté et le besoin de changer de vie. 

Mon avis :
Première lecture de l’année, A contresens fut un véritable coup de cœur pour moi ! J’ai été happée dès le début par cette histoire qui suit la vie de Tim, de ses six ans, lorsque ses parents meurent dans un accident de voiture (alors qu’ils roulaient à contresens sur l’autoroute, d’où, en partie, le titre du livre) jusqu’à ce qu’il atteigne la quarantaine.

Il y a dans ce livre un je ne sais quoi, qui fleure bon l’Allemagne, bien que ce soit l’Allemagne telle que je ne la connais pas, n’ayant ni vécu dans les années 70 et 80, ni visité Berlin. Les noms égrenés, la série Inspecteur Derrick, et surtout les titres des chansons du top 50 qui concluent chaque chapitre m’ont donné parfois envie de répéter intérieurement les dialogues, en allemand (malgré mes maigres compétences pour parler dans cette langue). Ce livre fut donc une immersion dans un pays, qui est voisin de la France, et que l’on ne connait  pourtant finalement pas si bien. 

La musique est omniprésente, à partir du moment où Tim se découvre un talent certain pour être DJ à une fête de son lycée. Son père lui a légué sa collection de vinyles, dont il se sert pour son métier, avant de l’agrandir avec ses propres choix. Tim est un personnage très attachant, bien que ses réactions ne soient pas toujours compréhensibles, et que ses relations avec les autres personnages soient parfois étranges. Il y a pourtant une relation, qui est au centre du roman et l’illumine : celle entre le héros et son premier amour, Mélanie, qu’il rencontre à l’âge de seize ans. Tom Liehr sait décrire, avec un style pourtant plutôt sobre, mais très agréable, l’exaltation de ce moment où plus rien d’autre ne compte que la personne aimée, et où tout semble extraordinaire et magnifique. 

La quatrième de couverture signale que Tom Liehr est le Nick Hornby allemand, et j’avais en effet songé à cet auteur en lisant le résumé. Même si son récit, empreint de musique pop et suivant la vie de Tim dans son aspect le plus quotidien, fait penser à Hornby, il y a pourtant quelque chose de bien plus cruel, douloureux dans A contresens. Ce qu’il advient de nombres de personnages (le père et un fils de sa famille d’accueil, plusieurs de ses amis), tout comme l’aboutissement de sa vie après dix-sept ans d’un mariage qui semble absurde, tout cela fait froid dans le dos. 

En refermant le livre, Tom Liehr m’a semblé extrêmement pessimiste, quand on considère le sort de la plupart des personnages. En cela, il m’a plus fait penser à Jonathan Coe qu’à Nick Hornby, pour citer un autre auteur anglophone contemporain.  Le roman laisse donc un goût quelque peu amer dans la bouche, une sensation qui colle probablement à la réalité de nombres de vies dont les rêves se perdent en route. 

En conclusion : Difficile d’expliquer pourquoi j’ai aimé ce livre, et pourtant, je l’ai adoré ! Tim est un personnage extrêmement attachant, que l’on a envie de suivre jusqu’au bout, malgré ses errements et ses réactions qui peuvent agacer, comme un ami nous agace parce que justement on l’apprécie tant. Le style de Tom Liehr fait couler le roman avec bonheur sans que l’on s’aperçoive qu’on arrive déjà à la fin.
Une très belle découverte que je dois à Blog O Book et aux éditions Asphalte, que je remercie vivement !

Retrouvez l'avis de Bambi, qui a également beaucoup aimé.

Extrait :
"Deux indicateurs permettaient de déterminer facilement si la musique plaisait. D’une part, la fréquence avec laquelle on me demandait tel ou tel morceau en particulier : moins on m’en demandait, meilleure était la programmation ; quand on est en train de danser, on n’a pas envie d’une autre zic. D’autre part, la force avec laquelle la foule chantait quand je baissais le son, du moins pour les morceaux pouvant être repris en chœur. Lors d’une soirée mémorable, durant laquelle la sueur condensée avait goutté du plafond de la Tente dans mes caisses de disques et avait ruiné presque la moitié des pochettes, ils avaient chanté et dansé sur un morceau pendant près de deux minutes, sans qu’aucun son sorte des baffles."

5 commentaires:

isa1977 a dit…

Je suis occupée de le lire il m'a été prêtée par une amie je suis à peine au début mais c'est vrai que dès le début l'histoire est géniale

Cess a dit…

Tu donnes envie de découvrir ce livre qui me changerait un peu. Je note.
Par contre l'as tu trouvé un peu déprimant ?

Gerry a dit…

j'adore la couverture, par contre je ne sais pas si je l'ajouterai à ma Pal... Un peu trop triste pour moi je pense

Touloulou a dit…

Bonne lecture alors Isa !
Cess : déprimant, non ce n'est pas le mot ! Je sais que ce genre de livres me fait cet effet, car je crois encore que je pourrai faire ce que je souhaite dans la vie, et que tout ira bien ! Ce genre de livre est un peu plus désabusé et ça me fait réfléchir... mais le livre a quand même un ton qui n'est pas du tout déprimant ! Tim ne se plaint jamais de son sort, par exemple !
Gerry : plutôt que triste, je dirais mélancolique par moments... mais il ne faut pas que ça te fasse peur, je ne l'ai pas refermé en me disant "mon dieu, la vie est vraiment dure" ;)

isa1977 a dit…

Merci Touloulou :) La lecture a été bonne je l'ai adoré :)